22 décembre 2006

Fin de la gratuité des universités ?

Tiré du Monde diplomatique, et posté pour AB :

mercredi 13 décembre 2006 - Le monde diplomatique
Vers la fin de la gratuité des universités ?

Après les transports, l’énergie, l’université ? La route conduisant à la privatisation d’un service public est connue : on commence par nuire à son bon fonctionnement en amputant ses budgets ; on finit par invoquer la liberté et l’abondance que procureraient à ce service dégradé, « en retard », son entrée dans l’univers de la concurrence et, dans le cas de l’éducation ou de la santé, la fin de la gratuité. On casse pour devoir « réformer ». Concernant l’université, M. Nicolas Sarkozy n’a pas dissimulé ses intentions : « Il faut donner de l’autonomie et de la liberté à nos universités afin qu’elles puissent s’adapter et gagner en réputation et en attractivité. Il faut leur permettre d’accéder à des financements innovants, y compris privés. » Parlant de « dynamiter » le système universitaire, l’ancien ministre socialiste Dominique Strauss Kahn lui a fait écho : « Pour moi, il n’y aurait pas de scandale à ce que la chaire de physique nucléaire de Paris-VI soit financée par EDF, si EDF trouve que c’est bon pour son image. Mais ce n’est pas dans les moeurs. »
Les moeurs, chacun sait que ça se change. Aux États-Unis, le prix des études supérieures est souvent prohibitif, ce qui n’empêche nullement, au demeurant, que les chaires universitaires portent le nom des entreprises privées qui les financent (ainsi Mme Laura Tyson, ancienne conseillère économique du président Clinton, fut ensuite « professeur Bank of America » à la business school de l’université de Berkeley). Une pratique de ce genre ne tardera peut-être plus à se généraliser en France. Paris-Dauphine a ouvert la voie, l’Institut politique de Paris vient de l’emprunter. Pourtant public et largement financé par l’Etat, Sciences Po a récemment fait appel, sans doute en guise de « financement innovant » de son développement, à la générosité de ses anciens élèves. On conçoit sans peine qu’un autre établissement d’enseignement supérieur, moins influent auprès des élites sociales et politiques, n’ obtiendrait pas énormément d’argent avec ce genre d’appel au « mécénat de solidarité ».
Les détenteurs des plus grosses fortunes possèdent déjà les principaux moyens d’information et de communication, ils construisent des musées privés en fonction de leurs propres goûts (MM. Pinault et Arnault), ils envahissent les commissions d’experts nommés par le gouvernement (commission Camdessus, commission Pébereau, commission Lévy-Jouyet, etc.) Faut-il aussi à présent qu’ils déterminent les priorités de l’enseignement et de la recherche ? Le Collège de France a répondu à sa façon. Il vient de créer sa première chaire entièrement financée par des fonds privés, dans le cas d’espèce ceux de la Fondation Bettencourt Schueller (Mme Bettencourt, héritière du fondateur de L’Oréal, compte au nombre des principales fortunes de France). Le titulaire de cette chaire est le patron d’une entreprise de biotechnologie cotée en Bourse...

12 décembre 2006

Mise à jour des dossiers bibliographiques Polart

Les dossiers de MB et OK sont entrés sur le site. A qui le tour?
Question d'un blogger qui blague pas: est-ce qu'on peut attacher des documents?

Tour de l'horizon immédiat

Chers tous,
juste une petite synthèse (avec à peine des commentaires) des derniers mails parus sur Cines:


SOMMAIRE

  • Gestion des sites en liens sur le site Polart
  • Cagnotte pour les non Parisiens
  • Rétribution du technicien
  • Séance de travail de janvier
  • Mise à jour de la documentation individuelle
  • Contacts avec OK et AM (Alexandre Massipe)
  • L'exemple Maurice Regnaut

Gestion des sites en liens sur le site Polart
Merci à IB d'accepter de prendre en charge la gestion des sites (non seulement leur recherche, leur signalement, mais aussi les contacts qu'on peut prendre avec eux). C'est en effet très précieux, et il est nécessaire que quelqu'un s'en occupe personnellement.

Cagnotte pour les non Parisiens
L'idée de IB est dans l'air depuis un certain temps, mais jusqu'ici elle n'a pas été concrétisée. Il y a en effet une inégalité de traitement (au moins financier) pour ceux qui ne sont pas Parisiens et qui voudraient assister aux réunions de Polart. C'est un point délicat, mais on ne peut pas le contourner. Est-ce que l'idée d'une caisse commune serait la solution? Qui voit mieux? Sinon, il y a, comme le propose IB, la solution de la Web-cam (toutes les universités, je suppose, doivent en être équipées. Je sais qu'à Paris 8 ils ont cela). On pourrait au moins mettre sur pied un essai de ce type.

Rétribution du technicien
Tout le monde ne m'a pas encore répondu sur ce point (5 ou 6 personnes seulement). Je ne demande pas que tout le monde réponde, mais il me faudrait davantage de réponses pour que je me fasse une idée du sentiment général. Je redis que ce n'est pas un engagement ferme. Si une majorité est d'accord, on demandera d'abord un devis et on décidera ensuite (mais dans les 3 semaines qui viennent).

Séance de travail de janvier
1) Date
Je crois qu'en effet on se dirige vers le 12 janvier. (Renseignements pris, Paris 8 est fermé jusqu'au 8). A moins qu'on trouve une salle d'ici là, mais je suis pessimiste (il faudrait, là encore, la louer).
2) Contenu
PMA, aidé par AB et JFS, est en train de concocter la demi-journée consacrée au projet d'un séminaire sur le travail d'Henri Meschonnic.
Pour la demi-journée du séminaire d'Actualité Critique proposée par CJ (mail et doc du 19/11), il serait bien de savoir qui participerait au tour de table, quel que soit le type d'intervention: de la réflexion synthétique un peu formalisée (15-20 minutes) aux remarques ponctuelles (quelques minutes), en passant par les notes de lectures.

Mise à jour de la documentation individuelle
Merci à ceux qui m'ont dejà envoyé les modifications à apporter soit à leur présentation (rubrique Membres), soit à leur bibliographie (rubrique Membres, commande: Bibliographie à télécharger). Ceux qui ne l'ont pas encore fait, allez jeter un coup d'oeil sur ces documents. L'important est que les informations soient actuelles. (Je me donne encore cette semaine pour entrer vos modifications, ensuite, je referai cette annonce au mois de mai).

Contacts avec OK et AM (Alexandre Massipe)
Je double la voix de PMA pour demander à tous les membres Polart d'ajouter l'adresse personnelle d'OK (kachlero@free.fr), en ce moment au Japon, qui ne reçoit pas les mails de Cines. C'est un problème qu'il va falloir résoudre.
En même temps, oui, ce serait bien que AM, nouveau membre de Polart, dise s'il reçoit bien les mails de Cines (s'il ne répond pas, ce sera à la coordinatrice de le contacter). A ce propos, la mise en ligne des informations concernant AM dans la rubrique Membres est en cours (merci à JFS).

L'exemple Maurice Regnaut
La proposition conjointe de OK, initiateur du projet, et de PMA, qui lui apporte son soutien avec la mise sur pied d'une journée d'étude à l'U. de Strasbourg, est exemplaire de l'initiative que tout membre de Polart peut prendre pour lancer un chantier. Pour le(s) nouveau(x) membre(s), j'en rappelle le protocole, très simple: la proposition (quelle qu'en soit la forme) est soumise au Comité Scientifique, qui donne son aval pour la mise en ligne sur le site.

Bon, j'espère n'avoir rien oublié pour l'instant. Portez-vous bien.

05 décembre 2006

Séminaire Actualité critique

Une séance de séminaire Actualité critique est prévue au début janvier. Organisation : CJ (Contact)

  • pour une première séance, je pourrai faire une présentation un peu plus charnue de ce que j’ai observé ici depuis le mois d’août (disons 20’ – simplement à pointer des nœuds, des départs, des lignes de résistance, dans le champ de forces culturel, intellectuel et politique tel que je peux l’analyser), et
  • j’invite ceux d’entre vous qui auraient envie de faire une présentation un peu mise en forme sur un tel état-de-la-critique à se joindre au programme. On aura alors une meilleure idée du temps qu’il nous faudra.
  • mais je vous propose aussi un tour de table où chacun pourrait, aussi brièvement qu’il voudra et sous la forme qu’il lui faudra (pour ma part, je cherche un mode de travail sans exhaustivité, sans totalisation ; chronique), considérer par exemple :
  1. les "buzzwords" repérés récemment ; les titres ou auteurs qui vous semblent devenir des nœuds de débat actuellement ; les questions que vous voyez travaillées dans les colloques, les équipes de recherche, les nouveaux titres en librairie et les numéros spéciaux de périodiques (toutes disciplines intéressantes) ; les débats repris dans les différents plans du médiatique/ politique/universitaire/culturel/artistique – comment vous les entendez
  2. les questions/concepts/auteurs/débats vers lesquels vos propres travaux se tournent ; celles qu’ils fabriquent dans ce contexte – càd à partir de quels gestes de contextualisation. Ce qui vous intéresse ; les points où vous sentez qu’il y a du critique.
  3. => quelles mises à jour possibles de la liste des « questions Polart » qui apparaît en fin de l’éditorial ? – cette liste a une vertu en tant qu’elle-même (la poétique comme problématique) même si elle ne fonctionne pas comme un programme effectif.
  • pour déboucher éventuellement sur un document informel (ou une série, chronique, de) rassemblant les différents apports de cet observatoire-et-chronique, et publiable sur le site.

04 décembre 2006

Bibliographie Beckett

Bibliographie sélective

Christopher Devenney “What remains ?” in Sussman, Henry & Devenney, Christopher. Engagement and Indifference : Beckett and the Political. Albany : State University of New-York Press, 2001.

Devenney comprend la pratique artistique de Beckett comme une remise en cause d’une définition conventionnelle de l’art, qui le rende acceptable par la société. En tant qu’elle se conçoit comme pure interrogation, l’œuvre de Beckett constitue une remise en question des solidifications construites par les discours sur l’art et le culturel.

Sur la signification politique de l’oeuvre :

“This is not, as some would have it, a purely cynical, or “apolitical” program. On the contrary, engaged here is a subversive unsettling of the idealist basis of the language of philosophy and the social, historical, aesthetic, and political framework this language both institutes and maintains. Within the cultural context, and in relation to the various debates today surrounding the question of cultural politics, and the politics of culture, Beckett’s art must and does appear violent, for it is fundamentally an art of questions, relentless and excessive; it questions itself, challenges its own existence as well as the existence of what is defined as art in general.” (156)

En rappelant une longue tradition critique prise entre l’impossibilité d’attribuer un sens à l’oeuvre ou de la qualifier d’absurde, Christopher Devenney résume très bien l’impasse qui en résulte : « Meaninglessness cannot be asserted as the meaning of Beckett’s texts, and silence before them is irresponsible. » (150). Mais il rappelle aussi que pour Adorno, ce n’est pas tant que les textes de Beckett sont dépourvus de sens, mais plutôt qu’ils questionnent le sens. (Aesthetic theory, 220_21) Cette remise en question aboutit, bien paradoxalement, à la mise en évidence de l’impossibilité d’échapper au sens. « The lesson of Beckett, or so it would seem, is that meaning even in the least conducive occasions and instances, is quite inescapable. »(151).

J'ignore ou ne me souviens d'ailleurs pas du nom de l'éditeur pour Michel Serres.

02 décembre 2006

Publications d'anniversaire

Comme c'est aujourd'hui l'anniversaire du coup d'Etat, je n'ai pu m'empêcher d'introduire deux références si vous les aviez par hasard manquées :
- Newsinger, "La politique d'Orwell", Agone, 2006.
- Serres, "L'art des ponts".

(CJ pour AB)